Comme un vieillard...

Si un jour quelqu’un lui avait dit qu’il attendrait la mort sur un balcon en regardant dehors, il aurait rit au visage. Et pourtant… Quand Calvin n’avait rien à faire, il s’installait sur son balcon et observait l’extérieur. Son but était loin d’être la détente. Il surveillait les alentours et l’entrée.

Quand il était arrivé, il avait toujours eut dans l’intention de protéger l’endroit. C’est dans cet optique qu’il s’était prit une chambre au cinquième étage dont le balcon offrait sur l’entrée. Il s’était déniché des jumelles pas trop bonne, mais assez pour qu’il scrute l’horizon et les mouvements.

Il laissait sa porte ouverte, histoire qu’on l’entende s’il criait, ou vice versa. Presque confortablement assis sur une chaise de jardin, il mangeait tranquillement son repas. Chaque mastication lui tirait une petite douleure.

-Ça te fait chier que je mange de la bonne bouffe hein? Tu préfèrerais que je grignote de la merde de rat ou que je liche la moisissure sur les murs?

Il ri dans sa barbe. Encore un peu de souffrance. Il ouvrit une bière et commença à boire. Il savait pertinemment qu’il devenait moins vigilent, mais la douleur s’estompait et ça lui faisait du bien. Il avait vu de cela 2 jours un dément courir au loin. S’il devait passer sous son nez et entrée dans l’hôtel, il serait vraiment un moins que rien.

Il prit ses CDs et les regarda. Ses CDs étaient comme un petit hobby. Ces vestiges d’une civilisation ancienne l’avaient toujours émerveillé quand il était petit. Il avait une vielle radio chez lui qui pouvait les lire. Dans un vieil hôtel comme celui-ci, il n’avait pas eut de problème à en trouver une en bon état. Il regarda sa petite pile de CD hétéroclites et en choisit un au hasard. Ce n’était pour la plupart pas de la musique qu’il avait l’habitude d’écouter avant, mais maintenant le simple bruit réconfortant de la musique le calmait.

C’est ainsi que dans les corridors du 5ième étage, quand Calvin surveillait l’entrée, on entendait toute sorte de musique.

C’est avec joie que le jeune homme se laissa transporter par un vieux succès d’il y a plus d’1 siècle :
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]
(HRJ: EDIT: Il y aurait un problème avec les liens, seul les admins peuvent les voir, alors voici: (allez sur youtube)/watch?v=BvsX03LOMhI)

‘’ And the people bowed and prayed
To the neon god they made
And the sign flashed out its warning
In the words that it was forming
And the sign said, "The words of the prophets ar… ‘’

Le son s’arrêta quelques instants quand Scarlett brancha son aspirateur. Calvin fit le saut et prit conscience de la présence d’une personne. Avant de faire quoi que ce soit, il enfila son masque en vitesse avant que la Lady n’ait vu quoi que ce soit. Après quoi il se retourna vers la femme de ménage après avoir baissé la musique.

-Déconseillé? Au risque de vous surprendre, je suis déjà infecté. Et je ne reste pas sur le balcon par plaisance, je surveille l’entrée.

Il finit d’ajuster son masque et reprit ses esprits.

-Je pense que je peux m’occuper de ma chambre seul…

En disant cela, il alla ranger quelques articles qu’il laissait traîner. Il avait prit son sac à dos et y enfournait plein de chose. Il ne se préparait pas à partir, mais c’était un espace de rangement personnel. Lady Scarlett n’aurait aucun argument pour fouiller la chose. Si la femme était attentive, elle aurait pu voir des armes, des médicaments et des choses diverses qui devaient être personnel.

La chanson de Simon and Garfunkel tirait à sa fin. Elle laissa la place à [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

-Déconseillé? Au risque de vous surprendre, je suis déjà infecté. Et je ne reste pas sur le balcon par plaisance, je surveille l’entrée.

En voilà une belle preuve d'égoïsme. Il était bel et bien déjà infecté, comme la plupart des résidents par ailleurs, mais ce n'était pas le cas de tout le monde, ce n'était pas son cas à elle. Si elle lui demandait de faire ce qu'elle conseillait, c'était elle qui allait passer pour une égoïste, tout ramenait donc au même point.

-Je pense que je peux m’occuper de ma chambre seul…

Un sourire se dessina sur son visage, pas vraiment forcé, simplement plaisant;

- Tu-tu-tu, c'est moi qui m'occupe des chambres ici, sinon tout aurait l'air d'un trou à cochon! Ne vous en faites pas, ça ne risque pas de durer longtemps.

Elle remarqua qu'il commençait à ranger certaines choses, des objets personnels de tout évidence. Même à cette époque, ils avaient tous encore des cachoteries, des jardins secrets impénétrable; elle ne faisait pas exception à la règle. Une question la chicotait tout de même, et comme Lady était une femme directe et franche, elle lança tout bonnement;

- Pourquoi vous mettez toujours ce masque? Vous êtes déjà infecté, cela ne devrait pas être très très utile.

Scarlett s'approcha de lui et renchérie, en lui touchant l'épaule;

- Que cachez-vous, un double-jeu, un visage lourd de souffrance, ou simplement avez-vous peur de voir le monde tel qu'il est en vous enfermant?

Sans demander la permission, elle sortie un paquet de clopes de sa poche droite et en sortie une cigarette qu'elle se planta dans la bouche. La lady l'alluma avec un joli briquet, où il était inscrit « Remember » en rouge sur blanc. Elle s'excusa néanmoins de cette mauvaise habitude qu'elle avait toujours et le fixa dans les yeux, de toute évidence en attente d'une réponse.

-Tu-tu-tu…

Ménage des chambres. Même au bord de la fin, l’humanité avait encore besoin d’une bonne pour ne pas avoir l’air d’un animal. Il allongea le bras pour prendre un ultime objet sans valeur apparente avant de refermer son sac. En arrière plan, la musique jouait encore.

‘’I have no need of friendship; friendship causes pain.
It's laughter and it's loving I disdain.’’

Lorsque Lady lui posa LA question, il se retourna vers elle et planta son regard dans ses yeux. Il ne bougea pas quand elle toucha son épaule où alluma sa cigarette, il était lui-même fumeur par certains temps.

-La seule chose qui te plaît de moi c’est le mystère sous le masque. La vérité c’est qu’on en a tous un. Le mien est un objet salit par le temps et la mort. Et toi, qu’est ce qui se cache sous ton masque? Qu’est ce qu’il y a sous cet image de femme parfaite?

Dévoiles tes couleurs, et peut-être un jour tu sauras ce qu’il y a sous mon masque.

-La seule chose qui te plaît de moi c’est le mystère sous le masque. La vérité c’est qu’on en a tous un. Le mien est un objet salit par le temps et la mort. Et toi, qu’est ce qui se cache sous ton masque? Qu’est ce qu’il y a sous cet image de femme parfaite?

Elle fut touchée qu'il la clarifia de femme parfaite, ce qui lui apposa un sourire en coin. Ces mots lui rappelaient bien des souvenirs et des gens qu'elle avait autrefois connue. La vérité, Scarlett la connaissait, c'était comme il le décrivait. La femme eut un petit rire, plus dans le « héhé » que dans le « haha ».

- Tu es un petit malin toi! Tu as tout a fait raison, c'est si facile de mettre un masque, et si douloureux de le dévoiler. Personne ne remarque votre état actuel, tous voient la personne qu'ils veulent que vous soyez ou celle que vous étiez il y a quelques temps; innocente, inconsciente. Bref, la personne que tout le monde aimait.

C'était la triste vérité, et cela représentait même la nourriture de cet établissement; on consomme sans se poser de questions. On côtoie des gens sans aller plus loin qu'une première impression. Cette frappante réalité était de plus en plus fréquente par les temps qui couraient, avec la maladie on se souciait peu du monde qui nous entourait. La survie. Un besoin fondamental de tout être vivant, homme, animaux, plante. Tous veulent survivre, c'est irréfutable, mais parfois à trop vouloir quelque chose, on se brûle les ailes en oubliant les autres besoins d'une vie saine: le social, la famille, les amis et même parfois l'amour.

Lady Scarlett commença à nettoyer sous une table, toujours avec sa cigarette au bec.

-À la différence, moi je dois enlever mon masque pour fumer…

Puis il laissa Lady faire son ménage. Il n’aimait vraiment pas le concept, mais comprenait que personne n’aimait se sentir inutile. Peut-être que c’étais sa façon à elle d’aider les autres… Sa chambre, il devait l’admettre, n’était pas des plus propres. Il y avait beaucoup de choses qui traînaient, des débris qu’il ne voulait pas jeter de peur qu’ils soient utiles. Il y avait aussi beaucoup de saleté ramené de l’extérieur par ses vêtements, ses bottes. Regarder quelqu’un faire son ménage lui rappelait sa mère. Il alla au balcon.

La musique était bien, mais commençait à être triste. Du balcon, il parla fort.

-Qu’est ce que tu aimes comme musique? J’ai pas beaucoup de choix, mais j’ai de plusieurs styles.

Il pensait encore à ce que Scarlett avait dit. C’était à peu près la raison pour laquelle il détestait la société de consommation et la raison pour laquelle il est venu dans l’hôtel. Un apocalypse, ça change les perspectives!

Selon ses calculs, les chambres devraient être propres et bien rangée dans les environ de sept heures du soir, lui laissant ainsi un peu de temps libre pour vaquer à ses autres occupations. Autrement dit, à sept heures, elle n'aurait plus rien à faire, et elle ira sûrement s'enfermer dans sa chambre jusqu'à ce que le sommeil la gagne aux alentours de onze heures du soir. Quand Scarlett était bien motivée, elle passait parfois son temps à se promener sans but précis, prenant des nouvelles des autres même s'ils n'avaient rien d'intéressant a dire. Enfin, elle avait toujours Émilie, sa bonne vieille copine de chambre qui était toujours là pour elle, Scarlett ne pu s'empêcher de sourire en y repensant.

-Qu’est ce que tu aimes comme musique? J’ai pas beaucoup de choix, mais j’ai de plusieurs styles.

Émilie s'effaça instantanément de sa mémoire, comme un bref souvenir envolé, un avion de papier que l'on aurait jeté du haut d'un parc à jeux. Elle releva la tête et regarda autour d'elle par réflexe, même s'il était clair que Calvin s'adressait à elle. Lady Scarlett reprit sa tâche en lui tournant un peu le dos.

La musique? Cela remontait à bien longtemps, quand elle avait encore du prestige et des amants, de l'argent et de l'amour. Quand elle dansait au Moulin Rouge et qu'on l'acclamait de tout bord tout côté. Mais il ne fallait plus y penser, parce que se ressasser des souvenirs n'est jamais très bon pour le moral, et qu'elle aurait même préféré oublier cette partie de sa vie pour pouvoir accepter celle qu'elle vivait présentement. Néanmoins, Scarlett répondit à la question après environ soixante secondes d'écoulées;

- J'aime bien le classique, le blues, les ballades et les valses. Mais tout genre est agréable à écouter, la musique est un autre monde dans lequel tout le monde trouve une forme de réconfort, ou simplement on s'y reconnait tous d'une manière ou d'une autre. J'aimais bien ce que vous écoutiez.